Et si on commençait par la fin?

Avez-vous déjà vécu cette situation où, fraîchement débarqué dans votre nouvelle vie à l’étranger, pleine de promesses et d’excitation, vous ressentez pourtant une profonde mélancolie, voire une douleur persistante ? Chaque jour, vous ne pouvez vous empêcher de comparer votre quotidien actuel à celui d’avant, dans votre pays d’origine.

L’expatriation est une aventure exaltante, mais elle comporte également de nombreux défis émotionnels. Beaucoup d’expatriés se retrouvent confrontés à un sentiment de malaise qui persiste, même après des semaines, voire des mois, dans leur nouveau pays. Pourquoi ce malaise demeure-t-il ? 

L’erreur: vouloir aller de l’avant trop vite

Une transition de vie internationale est une étape délicate nécessitant une grande attention. 

En effet, c’est une transition qui est soudaine (en quelques heures on se retrouve parachuté dans un autre monde), elle est globale (impacte tous les aspects de notre vie sans exception) et inévitable. Nous abandonnons notre emploi, nos amis, notre famille, notre foyer, ainsi que nos repères familiers. 

Alors, nous suivons les conseils généralement prodigués aux expatriés :

  •  rejoindre un groupe d’accueil ou de compatriotes
  •  développer notre réseau social rapidement
  •  trouver des occupations 

Cependant, il est important de réaliser que cela ne suffit pas. Pourquoi ? 

Parce qu’il existe une étape essentielle pour réellement progresser:  “faire le deuil de votre vie passée”

L’empreinte du passé : un fardeau à alléger

Pour pouvoir donner véritablement une chance à cette nouvelle vie d’être une expérience épanouissante, il est crucial de faire le deuil de l’empreinte laissée par votre vie antérieure. Par empreinte, j’entends par exemple:

  •  Vos repères familiers dans ces endroits qui vous plaisaient tant (ce café chaleureux, ce restaurant branché où vous aviez vos habitudes avec vos amis)
  •  Les moments avec vos proches que vous voyiez régulièrement et qui vous apportaient un équilibre personnel
  • Cette carrière qui vous passionnait et que vous avez mis tant de temps à construire et que vous avez dû laissé pour suivre votre conjoint

Ce processus peut être comparé à une histoire d’amour ♥️: 

Après une rupture, il est rarement conseillé de se précipiter hâtivement dans de nouvelles rencontres ou de s’engager dans une nouvelle relation. Une fois le chagrin passé et le deuil terminé, vient alors le temps des nouveaux émois.

Un contexte plus propice au malaise:

Je remarque que cette difficulté à tourner la page est souvent plus prononcée lorsque le départ a été précipité et que le processus de détachement n’a pas pu se dérouler correctement.

Cela est également vrai lorsque l’expatriation nous a été inconsciemment imposée, nous obligeant à « sacrifier » une part de nous-mêmes pour suivre notre conjoint.

Prenons l’exemple de Julie, une expatriée française aux États-Unis. Elle a suivi son mari juste après avoir obtenu la promotion de ses rêves dans l’industrie du luxe, et a dû déménager en seulement quatre mois.

Malgré tous ses efforts pour se sentir bien depuis son arrivée, elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans la mélancolie.

La phase de deuil: une étape clé.

Quelques conseils:

Si je peux vous donner un conseil, commencez par être indulgent(e) et bienveillant(e) envers vous-même. Évitez de culpabiliser car ce processus peut prendre du temps.

Faire le deuil du passé est une étape nécessaire à la croissance. Cela nous permet de rendre hommage à ce qui a été, et de relâcher les attachements émotionnels qui ne nous servent plus. Ainsi, nous libérons de l’espace pour de nouvelles perspectives, de nouvelles expériences, de nouvelles personnes.

Voici quelques idées pour vous aider à avancer :

1. Questionnements pour identifier les attachements :

Pourquoi suis-je attaché à cette situation/personne/émotion ?

Quels besoins ou désirs cet attachement satisfait-il ?

Comment cet attachement m’affecte-t-il émotionnellement et physiquement ?

Quels sont les sentiments associés? citez les émotions associés à chaque attachement?

 

2. Créer des rituels de transition : 

Les rituels peuvent aider à symboliser le passage d’une étape de vie à une autre. 

Voici quelques exemples:

  • Cérémonie de clôture:

Ecrivez une lettre à votre ancienne vie en exprimant vos adieux, vos remerciements et vos souhaits pour l’avenir. Cette lettre peut être brûlée symboliquement ou enterrée comme un moyen de marquer la fin d’un chapitre.

  • Journaling:

Tenez un journal de bord où vous pouvez poser vos expériences sur le papier ainsi que garder de précieux souvenirs de votre expérience d’expatrié(e). Listez les choses qui vous ont été difficiles, ce que vous avez pensé, ce que vous avez ressenti, comment vous avez réagit? et comment pourriez vous faire autrement dès à présent?  

  • Home sweet home:

Pourquoi ne pas créer une journée mensuelle dédiée à votre pays ? Écoutez votre musique préférée, préparez votre plat traditionnel favori, et profitez-en pour faire une visio avec vos proches.

Laissez parler votre cœur et votre créativité…😉

En conclusion:

Rappelez-vous qu’il est tout à fait normal de ressentir une certaine nostalgie et d’avoir des difficultés à vous sentir rapidement à l’aise en tant qu’expatrié. 

Faire le deuil de sa vie passée est une étape cruciale pour pouvoir pleinement embrasser sa nouvelle vie à l’étranger. Laissez vous le temps de vivre ce processus et mettez en place les rituels qui vous font du bien pour enfin vous ouvrir à de nouvelles expériences. 

En prenant le temps nécessaire pour faire ce travail de deuil, vous pourrez vous sentir plus en harmonie avec votre nouvel environnement et envisager l’avenir avec optimisme et sérénité. 🌍✨