À bout de souffle. Suis-je en sur-adaptation ?
Quand je suis arrivée à Maceio en 2022, j’avais déjà développé, grâce à mes expériences passées d’expatriation, des capacités d’adaptation solides et éprouvées. L’adaptation à un nouveau pays est un élément essentiel pour vivre pleinement l’expérience. Mais que se passerait-il si, à l’inverse, nous étions en “sur-adaptation” ?
C’est ce que nous allons explorer ensemble dans cet article. À partir de mon expérience, je vais vous présenter quels sont les enjeux de la sur-adaptation, quels peuvent être les signes annonciateurs et comment la surmonter.
Retour sur mon expatriation au Brésil
Avec déjà 3 expatriations en solitaire à mon actif, j’étais plutôt confiante lors de la préparation de mon projet d’expatriation au Brésil. De plus, je n’avais jamais réellement rencontré de difficultés majeures, jusqu’à présent…
Il est vrai que c’est un pays dont le “gap culturel” est plus important que ce que j’avais pu connaître précédemment. Aussi, je ne parlais pas portugais malgré les quelques mois de cours que j’avais pris en amont.. Et, j’avais pour projet de devenir coach indépendant, un changement majeur après avoir occupé des postes salariés pendant toute ma carrière. C’est au bout d’un an que les premiers signes se sont manifestés: Je ne me reconnaissais plus vraiment!
Pourtant d’un naturel toujours gaie, zen, positif, j’étais devenue toujours à cran, épuisée et j’avais la larme facile. Mes facultés cognitives étaient affaiblies: problème de concentration, difficultés à me rappeler de certaines choses ou à trouver mes mots. Je ne voulais plus avoir de contact avec l’extérieur car mentalement, je n’étais plus en mesure de faire l’effort de comprendre ou de parler en Portugais.
Et puis…le pompon de la pomponette, j’étais devenue allergique aux réflexions telles que: “Alors ça y est tu parles portugais maintenant? depuis le temps que tu y es?”
ou alors du côté brésilien : “Je vous présente Elvire, elle est française, elle est arrivée l’année dernière mais elle ne parle pas portugais” .
Ça me mettait profondément en colère! J’avais l’impression qu’on ne me respectait pas et qu’on ne valorisait pas tous les efforts que je faisais déjà pour m’adapter à cette nouvelle vie. (Surtout venant de personnes qui n’avaient jamais vécu l’expatriation).
Les enjeux de l’adaptation en expatriation
On peut tous s’accorder à dire que l’adaptation est le challenge principal d’une expatriation réussie (et de toute transition de vie majeure d’ailleurs!). A ce niveau, en tant qu’expatrié, on est plutôt servi: Nouvel environnement, nouvelle culture, nouvelle langue etc… Cela implique de faire plusieurs ajustements (surtout les premiers temps):
- Un ajustement comportemental: Il nous faut modifier certains de nos comportements, de nos attitudes, notre communication, ainsi que s’ adapter à de nouvelles normes et règles.
- Un ajustement mental: Il nous faut intégrer et traiter un nombre incalculable de nouvelles informations quotidiennement. Également, faire l’apprentissage de nouvelles compétences comme par exemple: maîtriser une nouvelle langue, faire preuve de flexibilité et d’ouverture d’esprit.
- Un ajustement émotionnel: Il nous faut aussi réussir à gérer toutes ces émotions qui nous traversent liées entre autres à: la pression de tout reconstruire, nos peurs, nos inconforts, au mal du pays (loin de nos proches), ou encore à l’isolement social.
Même si certaines personnes sont plus prédisposées que d’autres à s’adapter, nous avons tous nos limites. Et pour la première fois en expatriation, j’avais surestimé les miennes.
Les signes de la sur-adaptation
Lorsque l’adaptation nécessaire dépasse les limites de ce que nous pouvons supporter, alors cela peut vite devenir fatiguant pour le corps et l’esprit. Le changement dans nos habitudes de vie, dans nos routines mais aussi la perte de nos repères entraînent une augmentation significative du stress et de l’anxiété.
Les efforts mentaux importants que nous faisons pour comprendre de nouveaux systèmes, règles sociales ou normes culturelles, peuvent épuiser nos capacités cognitives.
La charge émotionnelle est importante notamment en raison du choc culturel, du sentiment de solitude etc. Et si, la charge mentale et émotionnelle s’installe, elle peut avoir des effets néfastes sur notre bien-être et notre santé globale.
Les premiers signes de “sur-adaptation” peuvent se traduire par:
- Tendance à s’isoler davantage
- Stress élevé
- Difficultés relationnelles
- Irritabilité
- Nostalgie, tristesse
- Difficultés à trouver le sommeil
- Problèmes de concentration
- Épuisement émotionnel et mental
Une fois les signes relevés, Que peut-on faire pour aller mieux ?
Quelques pistes pour aller mieux
Premièrement, le premier pas (le plus difficile à faire) c’est admettre que ça ne va pas et qu’on a besoin d’aide. Ensuite, il est important chercher à savoir quelles sont les limites qui ont été franchies
Voici 3 axes de réflexion :
Auto-observation : Prenez le temps d’observer vos réactions dans différentes situations. Notez les moments où vous vous sentez stressé, fatigué, frustré ou dépassé.
Écoute de soi : Soyez attentif à vos émotions, à vos sensations physiques et à vos pensées. Ces signaux peuvent vous aider à comprendre quand vous approchez de vos limites.
Réflexion : Passez en revue vos expériences et identifiez les moments où vous avez ressenti un stress excessif ou une incapacité à faire face à une situation.
Par ailleurs, il est indispensable d’être au clair avec vous même:
- Quels sont vos besoins du moment?
- Quelles sont vos priorités?
- Quel est votre rythme?
- Quelles sont vos réserves (en terme de temps et d’énergie)?
- Qu’est ce qui est acceptable pour vous? Et ce qui ne l’est pas?
Personnellement, j’ai eu besoin plus que jamais de prendre soin de moi et de me créer des routines de bien être pour relâcher la soupape de l’entreprenariat. J’ai aussi décidé de me foutre la paix avec le portuguais, d’avancer linguistiquement à mon rythme et de prioriser le développement de mon entreprise. Étonnamment, c’est après avoir décidé que je parlerai portuguais avec le temps que je me suis mise à parler et à me rendre compte que je comprenais plus de la moitié de ce qu’on me disait.
Quel bonheur! Mon cerveau avait assimilé passivement la langue au cours de la dernière année.
Enfin, connaître ses limites c’est bien, mais les faire respecter c’est mieux!
Par conséquent, je vous invite à:
- Apprendre à vous affirmer et à dire NON ou STOP. C’est le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire pour préserver votre bien-être personnel.
- Exprimer vos besoins à votre entourage. Cela permet aux autres de mieux vous comprendre et de pouvoir vous aider de la manière la plus adaptée.
Et puis, c’est une superbe occasion de pouvoir développer plus de confiance en soi!
En conclusion
Mon expatriation au Brésil m’a confronté à la réalité de la sur-adaptation, mais aussi à ma propre résilience. En reconnaissant mes limites et en prenant soin de moi, j’ai trouvé un nouvel équilibre. J’avance désormais dans mes projets avec une confiance retrouvée et avec plus de sérénité. Prendre soin de soi et rechercher le soutien nécessaire sont des étapes essentielles dans ce parcours.
Besoin d’aide pour surmonter les défis de l’expatriation ?
Contactez-moi, ce sera avec joie que nous avancerons ensemble pour un équilibre retrouvé